Renaturation de la Syre à Wecker

Dans le cadre du projet d’aménagement particulier  « an der Schmëtt » à Wecker qui est en train d’être réalisé par le Fonds du Logement, une renaturation de la Syre a été conçue sur une longueur d’environ 500 mètres. L’Administration communale de Biwer est maître d’ouvrage du projet de renaturation, cofinancé par le Fonds pour la gestion de l’eau.

 

Ce projet de renaturation prévoit la restitution de la franchissabilité écologique d’un barrage existant et une revalorisation du cours d’eau sur un tronçon actuellement dépourvu de structures favorables au développement de la flore et faune aquatiques typiques pour ce cours d’eau. L'objectif est de rétablir la continuité écologique en remplaçant le barrage actuel par une rampe rugueuse franchissable par les poissons et par la faune aquatique. Un lit d'été sera créé pour garantir une lame d'eau suffisante, même en période d'étiage. En vue d'améliorer l'état écologique médiocre de la Syre, la renaturation prévoit différentes mesures dont:

  • l’abaissement du barrage existant de 50 cm et l’aménagement d'une rampe rugueuse,
  • l’élargissement du lit du cours d'eau avec la création de méandres,
  • la création d'une diversité d'écoulement en intégrant des éléments de structure en bois mort,
  • la diversification des faciès du cours d’eau en créant de mouilles et radiers,
  • la structuration des berges moyennant des éléments en bois mort,
  • l’installation d’une végétation diversifiée et adaptée.

 

La mesure de renaturation envisagée est prévue dans le programme de mesures du plan de gestion pour la partie luxembourgeoise des districts hydrographiques internationaux Rhin et Meuse 2021-2027. Le projet est mis en œuvre pour répondre aux objectifs environnementaux de la directive cadre européenne sur l'eau (DCE, 2000/60/CE).

 

Le rétablissement de la continuité écologique des cours d'eau présente, tout comme d'autres mesures conduisant au "bon état écologique" de la DCE, une exigence minimale pour l’atteinte des objectifs environnementaux écologiques. Cette continuité assure la connectivité entre les habitats aquatiques et/ou semi-aquatiques et permet la préservation de l’équilibre naturel au sein des biocénoses. En outre, cette exigence est en accord avec diverses autres législations et programmes nationaux et internationaux (la directive Flore-Faune-Habitats (1992/43/CEE), la stratégie européenne pour la biodiversité 2030, le programme "Rhin 2040", la législation nationale sur la protection de la nature et des biotopes, etc.).

 

Un écosystème fonctionnel nécessite en effet une mise en réseau des habitats favorables les plus divers. Tout au long de leur cycle de vie, les organismes aquatiques, tels que les poissons, dépendent de ces habitats. Ils devraient rester accessibles sans restriction, tout au long de l'année pour favoriser le déplacement des espèces dans l’écosystème et préserver des biocénoses autoreproductrices.

Par "continuité" au sens de la DCE, on entend à la fois la libre circulation des organismes aquatiques, tels que les poissons mais aussi le passage des sédiments absolument nécessaire au rétablissement de la dynamique naturelle des cours d'eau.

 

La mise en œuvre du projet sur la Syre a commencé au cours du mois d’avril. L’Administration de la gestion de l’eau, le bureau d’étude et un expert en écologie piscicole assurent le suivi rapproché du projet. Cet accompagnement garantit une mise en œuvre selon les règles de l'art et en accord avec tous les objectifs de protection écologique. Pendant la phase chantier, une déviation temporaire du cours d’eau est cependant nécessaire. Entretemps, les travaux préparatoires sont suffisamment avancés pour que les travaux d’aménagement de la rampe rugueuse puissent commencer.

 

Il est toutefois évident que dans le cadre de travaux de renaturation des incidences négatives temporaires sur certaines structures existantes peuvent être observées sur un ou plusieurs tronçons. Ainsi, une bonne gestion et un sauvetage des organismes sont nécessaires. Des experts sont chargés de procéder à des pêches de sauvetage afin de ménager au maximum les poissons et autres organismes lors de l'intervention temporaire.

 

Un abaissement partiel d'un barrage conduit donc inévitablement à la destruction de certaines structures existantes. Or, cette destruction temporaire conduit à long terme à un rétablissement de la dynamique fluviale naturelle du cours d’eau. Une nouvelle végétation rivulaire diversifiée s’installera et des habitats aquatiques de valeur verront le jour. Ces nouvelles structures faciliteront le développement de la biodiversité en constituant une réserve pour la faune et la flore locale. Le tronçon pourra être colonisé durablement par des organismes typiques des cours d'eau.

L'objectif de ce projet est non seulement de valoriser la Syre sur le plan écologique, mais aussi d'améliorer la qualité de vie de la population locale.

 

Impact des mesures sur les populations piscicoles et le frai

La mesure de renaturation de la Syre sur le site de la Cité Syrdall s'intègre dans le programme de mesures du 3ème plan de gestion de la directive cadre sur l'eau (CE/2000/60) qui fixe comme objectif environnemental l'atteinte du bon état des eaux de surface au Luxembourg d'ici 2027. De plus, la stratégie européenne pour la biodiversité (https://environment.ec.europa.eu/strategy/biodiversity-strategy-2030_de) a pour objectif de restaurer 25.000 km de cours d'eau à l'échelle européenne d'ici 2030, et donc de supprimer les barrages obsolètes dans les cours d'eau, dans la mesure du possible.

L'impact de ces mesures sera très positif pour la faune piscicole qui, au cours de son cycle de vie, dépend de différents habitats dans le cours d'eau. Citons p.ex. les frayères en amont des cours d'eau - surfaces de gravier bien oxygénées - pour se reproduire. Actuellement, la migration dans le tronçon en amont du barrage n'est pas possible, car il n'y a pas de continuité à cet endroit et les habitats du cours supérieur de la Syre ne sont donc pas accessibles aux organismes aquatiques.

Les données piscicoles collectées dans le cadre de l'évaluation écologique des cours d'eau ont montré que seule une partie des espèces de poissons et des différents stades d'âge attendus se trouvent ici. Ceci indique clairement que la diversité structurelle dans ce secteur est insatisfaisante, en premier lieu en raison de la zone monotone de retenue en amont du barrage. Les données ont été collectées conformément à la directive cadre européenne sur l'eau et dans le cadre de ce projet.

Il serait cependant erroné de ne considérer que cette mesure locale dans l'optique d'une amélioration des populations piscicoles, car un cours d'eau est un continuum soumis en permanence à plusieurs pressions et, par conséquent, les déficits en amont et en aval se répercutent sur l'ensemble de la situation de la faune piscicole. C'est pourquoi l'objectif et l'obligation légale sont de rétablir la continuité sur tous les ouvrages transversaux afin de rendre accessibles aux poissons indigènes, mais aussi aux poissons dits migrateurs, les habitats dont ils ont besoin pour la pérennité de leur espèce.

Avec le rétablissement de la continuité et la création d'un tronçon riche en structures par de petites mesures d'accompagnement, comme l'installation d'éléments structurels et de déflecteurs de courant, le tronçon actuel ne sera pas seulement utilisé comme corridor de migration, mais aussi à l'avenir comme habitat où s'installeront des espèces végétales et animales typiques des cours d'eau, qui font actuellement défaut. La présence de la sarcelle d'hiver, par exemple, qui préfère les eaux stagnantes comme habitat, indique que la Syre n'est pas dans un état proche de l'état naturel sur ce tronçon, et ce en raison de l'espace de retenue non naturel en amont du barrage. Les longues retenues permanentes dans un cours d'eau sont des zones non-naturelles qui n'offrent pas d'habitats appropriés aux espèces aimant le courant, dites « rhéophiles » (y compris espèces de poissons mais aussi d'insectes et de plantes).

 

Abaissement du barrage

L'objectif de la mesure de renaturation de la Syre sur le site de la Cité Syrdall est en premier lieu de rétablir la continuité au niveau du barrage existant, qui empêche actuellement la libre circulation des organismes aquatiques, tels que les poissons. Dans ce contexte, le barrage sera abaissé de 50 cm et une passe à poissons sera construite, dans ce cas, sous la forme d'une rampe rugueuse sur toute la largeur du barrage, qui répondra aux exigences biologiques de la faune piscicole locale. De plus, des zones riches en structures seront créées dans les zones actuellement monotones de ce tronçon, par l'installation de bois mort, de racines d’arbres, etc. afin d'augmenter la diversité des habitats et de favoriser ainsi la biodiversité à long terme.

Il est important de souligner que chaque mesure de renaturation est examinée sur place et en amont par un écologue spécialement mandaté pour déterminer quelles structures doivent être conservées et, si possible, ne pas être endommagées pendant la phase de chantier lors de la réalisation de la mesure en question. Afin de réduire au maximum cet impact écologique, même pendant la phase de construction, ces mesures sont accompagnées sur place par l’écologue.

L'abaissement partiel du barrage a été réalisé sous la supervision d'un bureau d'écologie qui accompagne aussi bien la phase de planification que la phase de construction, de sorte que le niveau d'eau soit abaissé de manière contrôlée, sans effet d'éclusée important en aval (pour éviter au mieux les changements de niveaux trop brusques). Cet abaissement partiel était justement techniquement nécessaire pour aménager le barrage provisoire, car l'eau était trop profonde à cet endroit. Dans ce but, des pêches de sauvetage ont été exigées dans le cadre de l'approbation du projet, afin d'éviter que les poissons ne soient victimes des phases critiques des travaux, comme l'abaissement partiel du niveau de l'eau. Ces pêches de sauvetage ont été effectuées immédiatement avant l’abaissement du niveau d’eau en présence de l'administration de la gestion de l’eau.

Il n'est toutefois pas possible d'exclure à 100 % un léger dommage aux organismes aquatiques lors de chaque mesure de construction hydraulique. Selon le type d'intervention de renaturation, celle-ci peut avoir des effets négatifs très limités dans le temps sur le cours d'eau - ce qui est toutefois évité au mieux dans la pratique par l'accompagnement de chaque projet de renaturation par un expert en écologie - au profit d'un développement autodynamique à long terme du cours d'eau, où des habitats variés et riches en structures sont créés après la mesure de renaturation avec un potentiel de colonisation très élevé pour une multitude d'espèces végétales et animales qui font actuellement défaut.

Plutôt que de se focaliser sur les effets limités à court terme sur les organismes aquatiques, il faudrait plutôt considérer les effets négatifs à long terme des barrages (interruption de la continuité) et plus généralement des modifications anthropiques des cours d'eau, qui ont empêché et empêchent encore l'accès à des habitats importants pendant des décennies, voire des siècles, entraînant la disparition de nombreuses espèces typiques, comme le saumon, et l'appauvrissement des populations de poissons indigènes de nos cours d'eau.

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